L’organisation Human Rights Watch (HRW) a estimé que la situation actuelle en Libye, plongée dans le chaos politique et l’insécurité, ne permettait pas la tenue d’élections libres et transparentes.
La communauté internationale presse les autorités du pays de tenir des élections en 2018, censées départager les camps politiques rivaux et rétablir l’ordre dans ce riche pays pétrolier miné par l’instabilité depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011.
La nature et la date des élections restent toutefois à déterminer.
“Pour que des élections soient libres et transparentes, elles doivent se tenir dans un environnement sans coercition, discrimination, intimidations des électeurs, des candidats ou des partis politiques”, a affirmé HRW dans un communiqué.
“La Libye n’a jamais été aussi loin du respect du droit et des droits de l’Homme, encore plus de conditions acceptables pour la tenue d’élections libres”, a estimé Eric Goldstein, directeur-adjoint de HRW pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord.
“Des lois restrictives ont sapé la liberté de parole en Libye”, a déploré HRW, affirmant que “des groupes armés ont intimidé, menacé, harcelé, agressé physiquement et détenu arbitrairement des journalistes, des militants politiques et des défenseurs des droits de l’homme”.
Le pays est sous la coupe de nombreuses milices qui œuvrent dans l’impunité la plus totale, tandis que deux autorités politiques rivales se disputent le pouvoir: le GNA issu d’un accord parrainé par l’ONU et basé à Tripoli et un gouvernement parallèle dans l’Est soutenu par le puissant maréchal Khalifa Haftar, qui conteste la légitimité du GNA.
“Les autorités doivent être en mesure de garantir le droit de réunion, d’association et de parole à tous les participants à ces élections”, a souligné M. Goldstein.
En accédant au pouvoir par un coup d’Etat militaire en 1969, Mouammar Kadhafi avait proscrit les élections, un exercice démocratique pourtant garanti sous la monarchie par la Constitution libyenne de 1951 qu’il a abolie.
HRW a déploré par ailleurs dans son communiqué un cadre juridique “opaque” des élections prévues en 2018.
Un projet de constitution doit être en effet soumis à référendum et une loi électorale doit être rédigée et adoptée avant d’éventuelles élections.
En attendant, 2,4 millions d’électeurs ont été enregistrés par la commission électorale nationale (HNEC), sur une population de 6 millions.
La HNEC considérée parmi les rares institutions crédibles et indépendantes avait organisé les deux premières législatives en 2012 et 2014, réinstaurant cet exercice après 42 ans d’interdiction sous la dictature.
Par Youness Hatif