
La liberté de la presse occupe parmi les droits une place essentielle. Elle est même sans doute la première des libertés dans une société où elle exprime l’identité et l’autonomie intellectuelle des personnes et conditionne leurs relations aux autres individus et aux différentes composantes de la société.
Mais encore aujourd’hui, la liberté de la presse reste un principe fragile et menacé en RDC, régulièrement mis à mal ou contesté, par le pouvoir politique. La RDC pointe à la 150è place sur 180 pays sur le classement de la liberté de la presse 2021 de Reporters sans frontières (RSF).
Le président Tshisekedi, qui avait promis la presse libre, s’attaque aux journalistes étrangers (La journaliste française Sonia Rolley, travaillant pour Reuters, a été expulsée de Kinshasa, »manu militari » en 2022), emprisonne les journalistes de l’opposition (Jacky Ndala) et tourne un œil aveugle aux abus de droits de presse commis par ses partisans, tournant en dérisoire l’essence de la liberté de presse en RDC.
La RDC est devenu le théâtre permanent de violences et de violations massives de droits humains, stigmatisations, harcèlement sexuel et une culture de viol contre les journalistes femmes. Cette situation se perpétue aujourd’hui encore, malgré les belles promesses de Tshisekedi. L’un des plus gros défis du pays, demeure la lutte contre l’impunité.
En RDC, près de 80% des femmes journalistes interrogées, ont déclaré être stressées à la suite d’harcèlements, 65% souffrent d’anxiété et 30% de dépression. Près de la moitié des journalistes interrogés ont dit craindre pour leur vie et 11% ont quitté leur domicile en conséquence, et trois sur cinq assurent avoir été violées.
C’est bien le cas de Madame » Ruth Franz Malu’‘, journaliste du journal Hebdomadaire »Le Grand Témoin’ , qui doit interpeller la conscience des autorités congolaises .
Après la prise de la ville de Bunagana, les combattants du M23 ont fait du porte-à-porte, tuant tous les hommes adultes qu’ils trouvaient et soumettant des dizaines de femmes/journalistes à des viols, y compris des viols collectifs.
La Journaliste Reporter du »Le Grand Témoin », Ruth Franz Malu et la journaliste Gisèle Shabana, ont du marché 2km en vain, épuisées et rattrapées par le M23 á 30 Km de la base de Kiwanja, où d’autres journalistes se réfugier.
»Alors qu’elle enquêtait de possible lien entre le support militaire de M23 et l’ONG Américaine »Mercy Corps », basée á Goma, elle a été prise en embuscade par les M23, abusée mentalement, sexuellement et moralement pendant plus de 2 mois. Son cauchemar ne s’arrête pas là », raconte Joseph Firmin, patron du journal »Le Grand Témoin ».
»Son cauchemar continuera aux mains de FARDC. Récupérée par les FARDC, elle a subi le même sort par des hauts gradés de l’armée. Les autorités militaires congolaises la menacent de mort et la forcent dans l’omerta, » poursuit-t-il.
Les conflits et les problèmes de sécurité ont encore affaibli les institutions et sapé la capacité de l’État à réagir de manière décisive à l’impunité/abus des droits de l’homme. Des Journalistes, des militants de l’opposition ont été intimidés, calomniés ou arrêtés, parfois sous prétexte de répression anti-corruption ou rhétorique antipatriotique contre les FARDC et rendus possibles par des systèmes judiciaires fortement politisés.
Le gouvernement Congolais continue de prétexter la guerre civile á l’Est avec le M23 et les abus des droits de l’homme des FARDC envers la population de l’Est, les journalistes et opposants, comme un aveuglement aux atteintes des libertés de presse, d’expression, et celle de manifester contre ces abus.
»Ceci est bien évident dans ce cas. La liberté de presse/expression de notre Journaliste Reporter »Ruth Franz Malu » d’enquêter et dévoiler l’opacité de nos dépenses militaires, ainsi que le lien d’un support militaire étranger aux M23, a été battue en brèche au nom de l’impunité et de l’autoritarisme, conclut Joseph Firmin, patron du journal »Le Grand Témoin ».
‘‘Les journalistes vivent toujours avec une épée de Damoclès sur la tête en RDC. A l’époque de Kabila, on tuait les journalistes comme les gibiers. Maintenant, Tshisekedi tue le journalisme en tournant un œil aveugle aux abus de presses/ droit d’humains commis par son clan. Nombre de journalistes ont tout simplement quitté le pays ou abandonné le métier’‘, raconte Dominic Kadima, journaliste au jounal »La Réference Plus »
La complaisance dans la lutte contre l’impunité ou abus des droits de l’homme exacerbe les atteintes aux droits de l’homme et sape la démocratie, l’état de droit, ce qui débouche sur une spirale infernale.
»On a arraché le journalisme en Madame ‘’Ruth Franz Malu’’ avec tout ce qu’elle a connu. Ses violeurs sont protégés par le pouvoir, et elle a tout perdu : sa maman, sa dignité et sa liberté de presse/opinion. le pouvoir a tué le journalisme en elle’’, conclut Dominic Kadima.
Au fur et á mesure que les droits et libertés civiles s’amenuisent et que la démocratie s’affaiblit, l’autoritarisme s’installe, entrainant des niveaux plus élevés de la corruption et de l’injustice, ce qui conduit á un déclin encore plus marqué.
Le sentiment d’injustice, tant pour les crimes du passé que pour les crimes récents, est fortement ancré dans la population congolaise. Une réelle volonté politique de mettre fin à l’impunité contre les abus de presse, devrait se refléter dans l’adoption de programmes concrets soutenus par des mécanismes adaptés.
Par Julien Leclerc