
L'opposant kényan Raila Odinga
Le leader de l’opposition kényane, Raila Odinga, a appelé mercredi les électeurs à ne « participer en aucun cas » à l’élection présidentielle de jeudi, estimant qu’elle ne pouvait être ni crédible ni équitable, et à rester « chez eux ».
« Que faisons-nous demain? Ne participez en aucun cas à cette parodie d’élection, convainquez vos amis, vos voisins et tous les autres de ne pas participer », a déclaré M. Odinga, lors d’un grand rassemblement dans un parc du centre de Nairobi.
« Tenez des veillées et des prières à l’écart des bureaux de vote ou restez chez vous », a-t-il ajouté en guise d’ultimes consignes, alors qu’il avait initialement appelé ses partisans à manifester le jour du scrutin.

M. Odinga, 72 ans, déjà trois fois candidat malheureux à la présidence (1997, 2007, 2013), a dénoncé à multiples reprises dans ce discours la « dictature » qui s’installe selon lui dans le pays.
« Nous devons nous montrer à la hauteur de l’occasion et sauver la démocratie, non seulement pour nous-mêmes mais pour l’ensemble de l’Afrique« , a-t-il déclaré.
« Si le Kenya succombe à la dictature, l’Afrique entière sera en danger », a-t-il insisté. « A partir de demain, le devoir de chaque citoyen chérissant la liberté (…) est de résister à la dictature et de se battre pour rétablir un gouvernement respectueux de la Constitution. »
La Cour suprême a renoncé mercredi à statuer sur un recours plaidant en faveur d’un report de l’élection présidentielle de jeudi, en l’absence de cinq de ses sept juges.
Un juge est malade, un autre n’a pu prendre un avion pour venir à Nairobi, deux « n’ont pas été capables de venir à la Cour », et la numéro 2 de la Cour suprême, Philomena Mwilu, ne pouvait être présente après que son garde du corps et chauffeur a été grièvement blessé par balles mardi, a expliqué le président de la Cour, David Maraga.
Saisie par l’opposition, la Cour suprême avait invalidé le 1er septembre la réélection du sortant Uhuru Kenyatta à la présidentielle du 8 août, invoquant des irrégularités dans la transmission des résultats.
Elle avait ordonné la tenue d’un nouveau scrutin dans les 60 jours, conformément à la Constitution.
Le rassemblement organisé mercredi par l’opposition à Nairobi était officiellement interdit, la campagne ayant pris fin lundi soir. Mais la police, présente sur les lieux, a laissé le rassemblement se dérouler sans intervenir.
Par Stanley Kenny