Au Kenya, la réconciliation entre pouvoir et opposition se remet sur les rails. Début mars, alors que la crise postélectorale était toujours en cours, Raïla Odinga et le président Uhuru Kenyatta avaient scellé un rapprochement spectaculaire. Depuis, rien ne s’était passé. Or mercredi 25 avril, Raïla Odinga a pris la parole à la conférence annuelle sur la décentralisation, un rendez-vous important dans l’agenda kenyan. Il a remis la réconciliation sur le devant de la scène.
Sans aucun mandat électif, Raïla Odinga a pourtant pris une stature très officielle mercredi. Devant tous les gouverneurs du pays, l’opposant a demandé aux élus de soutenir la réconciliation, d’agir pour combattre l’antagonisme ethnique et la corruption.Â
Raïla Odinga a même proposé une réforme avec la création de gouvernements régionaux. Un nouveau niveau administratif qui risque de faire exploser un peu plus la dette publique du pays.
En tout cas, cette prise de parole représente le premier acte concret de cette réconciliation du 9 mars. Or par la suite, rien ne s’était passé. L’accord parlait de la création d’un secrétariat avec à sa tête deux hommes choisis par Odinga et Kenyatta. Une institution dont on n’a plus entendu parler.
Or le président lui-même a insisté pour que son adversaire vienne à cette conférence sur la décentralisation et qu’en plus il prononce le discours le plus important de la semaine.
Un diplomate explique que la communauté internationale est encore sceptique et préfère pour l’instant soutenir des initiatives de la société civile. Des projets destinés à mettre en place les 9 points de l’accord de début mars.
Selon une bonne source, « ces initiatives pourraient faire pression sur les politiciens pour qu’ils agissent ». En effet, un expert estime qu’on en est encore au stade des mots, que les politiques doivent agir, car si rien n’est fait les tensions rejailliront aux prochaines élections de 2022.
Par Khadidja Omari