Deux opposants, qui participaient vendredi à une manifestation dans la ville de Bondo, dans l’ouest du Kenya, ont été tués par balle au cours d’affrontements avec la police, selon plusieurs témoins.
“L’un d’entre eux a une large blessure à la tête et l’autre à la poitrine. Ils reposent dans une mare de sang”, a déclaré l’un des témoins, Charleston Okelo.
Quelque 500 personnes ont manifesté à Bondo, la ville d’où est originaire le leader de l’opposition, Raila Odinga. Les manifestants s’opposaient à la police, juste devant le poste de police local, quand des coups de feu ont été tirés, selon les témoins.Â
Les gens ont commencé à courir dans plusieurs directions, y compris à l’intérieur du poste, et c’est alors que les deux manifestants ont été tués.
La situation restait chaotique en milieu d’après-midi, alors que la police tentait de disperser la foule en colère.
“Pourquoi tirent-ils sur des gens qui manifestent pacifiquement? Pourquoi ont-ils provoqué les gens en tirant? Maintenant ils ont tué deux personnes”, a déclaré un autre témoin, Wilfred Ojwang.
Le chef de la police locale, John Kiarie, a refusé de commenter l’incident “jusqu’à ce (qu’il ait) reçu un rapport circonstancié sur ce qui s’est réellement passé”.
Ces décès sont les premiers depuis les violences qui avaient marqué les jours suivant les élections générales du 8 août, lesquelles avaient fait au moins 37 morts, dont 35 tués par la police, selon la Commission nationale kényane des droits de l’Homme (KNCHR).
Des centaines de personnes ont manifesté vendredi dans les principales villes du Kenya, malgré l’interdiction du gouvernement, pour faire entendre les revendications de l’opposition en vue de la présidentielle du 26 octobre.
Le climat politique est particulièrement tendu au Kenya depuis la décision, le 1er septembre, de la Cour suprême d’invalider la réélection du sortant Uhuru Kenyatta à la présidentielle du 8 août, face à M. Odinga.
Saisie par l’opposition, la Cour avait mis en avant des irrégularités dans la transmission des résultats pour justifier cette décision, une première en Afrique, qui avait été saluée pour son courage à travers le monde.
M. Odinga a annoncé mardi son retrait de la présidentielle du 26 octobre, arguant que l’IEBC n’avait pas entrepris sa refonte nécessaire pour organiser une élection crédible, dont l’éviction de certains de ses responsables.
Par Jean Robert