Le Parlement éthiopien a levé mardi l‘état d’urgence qui avait été instauré pour six mois le 16 février, au lendemain de la démission surprise du Premier ministre Hailemariam Desalegn, remplacé depuis, a annoncé l’agence de presse éthiopienne.
Le Parlement, réuni mardi matin, a voté en faveur de la levée de l‘état d’urgence en raison “de la stabilité relative et du calme” dans le pays, notamment depuis la prise de fonctions du nouveau Premier ministre Abiy Ahmed en avril.
La démission de M. Hailemariam et l’instauration de l‘état d’urgence le lendemain avaient couronné une crise politique sans précédent depuis l’instauration du régime actuel en 1991. L’ancien Premier ministre avait été emporté par la crise politique, marquée par d’importantes manifestations anti-gouvernementales violemment réprimées, dans le deuxième pays le plus peuplé d’Afrique.
Le mouvement de protestation avait débuté fin 2015 en région oromo (sud et ouest), la plus importante ethnie du pays, puis s‘était étendu courant 2016 à d’autres régions, dont celle des Amhara (nord).
Sa répression a fait au moins 940 morts, selon la Commission éthiopienne des droits de l’Homme, liée au gouvernement. Un calme relatif n‘était revenu qu’avec l’instauration d’un état d’urgence entre octobre 2016 et août 2017 et au prix de milliers d’arrestations.
Mais, l’arrivée au pouvoir du nouveau Premier ministre Abiy Ahmed, issu de l’ethnie Oromo a réussi à apaiser des tensions, d’autant que ce dernier prend, depuis le début de son règne, d’importantes mesures de décrispation.
En plus de libérer des milliers de prisonniers politiques et de journalistes, le gouvernement a mis fin à une panne d’Internet, a entamé des pourparlers avec des membres de l’opposition en exil et poursuit une tournée dans les différentes régions de l‘État fédéral.
Malgré tout, la levée de l‘état d’urgence était l’une des mesures les plus attendues, du reste par les militants des droits humains. “L‘état d’urgence vide de sens est en train de disparaître”, a écrit sur Twitter Befeqadu Hailu, un journaliste arrêté par les gouvernements précédents pour ses reportages critiques. “J’espère que nous ne le verrons plus en Éthiopie.”
Selon le bilan livré par les autorités éthiopiennes, le dernier état d’urgence a occasionné plus d’un millier d’arrestations.
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