L’Egypte a annoncé mercredi quadrupler le prix de vente du pain subventionné dont bénéficient 71 millions de personnes, première augmentation du genre en trois décennies dans un pays frappé par une des pires crises économiques de son histoire.
Annonçant la mesure à l’issue d’un conseil des ministres, le Premier ministre Moustafa Madbouli a expliqué que la galette de pain vendue à cinq piastres l’unité serait désormais proposée à 20 piastres à partir du premier juin. “Depuis plus de 30 ans, le prix du pain subventionné n’a pas bougé”, a-t-il justifié, même si de fait tout au long de cette période son coût véritable “s’est multiplié” à plusieurs reprises, “faisant peser sur l’Etat un fardeau financier qui a fortement augmenté”.
Si le prix du pain a été maintenu au fil des ans, la taille des galettes subventionnées a elle rétrécie. Dans le plus peuplé des pays arabes avec plus de 106 millions d’habitants, environ 71 millions d’Egyptiens profitent des subventions sur le pain, a indiqué mercredi M. Madbouli.
Depuis deux ans, l’Egypte traverse l’une des pires crises économiques de son histoire. Exacerbée par une dévaluation de la livre égyptienne qui a perdu près des deux-tiers de sa valeur face au dollar, l’inflation a atteint 39,7% en août 2023, son plus haut niveau historique. L’inflation sur les denrées alimentaires a elle dépassé les 70% en août 2023.
Plus tôt cette année, l’Egypte a bénéficié d’un afflux de plus de 50 milliards de dollars en prêts et en investissements, dont 35 milliards des Emirats arabes unis, et des financements du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale. Déjà contraintes ces dernières années à mener des réformes économiques pour satisfaire les bailleurs internationaux, les autorités comptent également supprimer une partie des subventions sur le carburant et l’électricité.
Mais le prix de la galette est toujours resté une question sensible. A la fin des années 1970, une annonce du gouvernement sur une augmentation du pain et d’autres produits d’alimentation avait provoqué des émeutes violemment réprimées par les autorités, qui avaient toutefois fait marche arrière. Mercredi, M. Madbouli a assuré que les autorités étudiaient la possibilité de réformer le système actuel de subventions pour aller progressivement vers le versement d’allocations financières.
Au budget de l’année dernière, l’ensemble des subventions publiques (environ 529 milliards de livres égyptiennes – soit 11,2 milliards de dollars) représentaient un sixième des dépenses, selon les chiffres du ministère des Finances. Sur ce budget les subventions allouées au pain et aux denrées alimentaires étaient de 127 milliards de livres égyptiennes et devraient encore augmenter.
AFP