Depuis que Raul Castro a succédé à son frère Fidel en 2006, le visage de Cuba a commencé à se transformer à la faveur de réformes longtemps impensables dans le pays communiste.
Aujourd’hui, les Cubains peuvent voyager à l’étranger, créer leur propre entreprise et même voir flotter le drapeau des États-Unis dans les rues de La Havane. Mais l’économie de l’île tarde à décoller, demeurant suspendue à des réformes cruciales.
– Dégel des relations avec les Etats-Unis–
L’événement le plus marquant de l’ère Raul a eu lieu le 17 décembre 2014 lorsqu’il annonce à la télévision un rapprochement inattendu avec l’ancien ennemi américain de la guerre froide. Le 20 juin 2015, les deux pays renouent leurs relations diplomatiques et en mars 2016, le président cubain reçoit Barack Obama à La Havane.Â
Le processus de normalisation est freiné depuis l’arrivée à la Maison blanche du républicain Donald Trump, défenseur d’une ligne plus dure envers Cuba.
– Voyages et migration-
En 2013, Raul Castro met fin aux restrictions draconiennes qui empêchaient les Cubains de voyager à l’étranger. Ils y sont désormais autorisés pour une période allant jusqu’à deux ans, ne perdant plus leurs biens ni leurs logements tant qu’ils sont partis en toute légalité.
Cette réforme a facilité les visites et le rapatriement des Cubains émigrés. De janvier 2013 à décembre 2016, plus de 670.000 Cubains ont réalisé plus d’un million de voyages vers d’autres pays.
– Secteur privé-
Avec Raul Castro, l’économie cubaine a opéré une ouverture à l’initiative privée. Aujourd’hui, Cuba compte 580.000 petits travailleurs privés, ou “cuentapropistas”, soit 12% de la population active.
L’octroi de nouvelle licences pour les activités les plus rentables, comme la restauration, est suspendu depuis août 2017 dans l’attente d’une nouvelle législation.
– Achat-vente-
Fin 2011, Raul Castro a autorisé les particuliers à acheter et vendre leurs logements. Puis, en 2014, le marché automobile a été libéralisé mais les clients des concessionnaires étatiques se plaignent des prix exorbitants des véhicules neufs, parfois cinq fois supérieurs à ceux pratiqués à l’étranger.
– Internet-
Depuis 2013, le gouvernement a ouvert l’accès à internet et installé plusieurs centaines de zones wifi publiques à travers le pays.
Mais les Cubains n’ont toujours pas accès à la 3G et les connexions à domicile ne concernent toujours qu’une infime partie de la population, faisant du pays un des plus mauvais élèves en la matière dans le monde.
– Investissement étranger-
A partir de 2014, Raul Castro a fait évoluer la loi pour encourager l’investissement étranger, et inauguré le méga-port de Mariel, à 45 kilomètres à l’est de La Havane, une zone destinée à devenir le plus grand pôle industriel de Cuba.
Mais pour l’heure, du fait de l’embargo américain et des contraintes imposées par le gouvernement cubain, la moyenne des investissements étrangers demeure bien en deçà des objectifs du gouvernement, fixés à 2,5 milliards de dollars annuels pour soutenir une croissance de 4%.
– Dette extérieure-
Entre 2013 et 2016, Cuba est parvenu à renégocier sa dette extérieure publique avec tous ses créanciers, déboursant un total de 23 milliards de dollars d’arriérés et oeuvrant ainsi au rétablissement de sa crédibilité sur les marchés, ce qui doit lui permettre de capter de nouveaux financements.
– Unification monétaire-
Cuba demeure en attente de la suppression de la dualité monétaire, un système unique au monde qui provoque depuis 1994 des distorsions dans l’économie.
Cette réforme aussi cruciale que complexe, mais maintes fois ajournée, vise à rompre avec la coexistence du peso cubain (CUP), utilisé pour les transactions strictement domestiques, et le peso convertible (CUC, égal au dollar américain, qui vaut entre 24 et 25 CUP) qui servait initialement à payer les produits et services importés.
– Réforme agricole
En 2008, la pays autorise les agriculteurs privés à recevoir en usufruit des terres en friche. Le secteur agricole est alors déclaré “stratégique” afin de moins dépendre des importations.
Depuis, l’Etat a distribué plus d’un million d’hectares, pratiqué le micro-crédit et facilité les conditions d’achat et de vente pour les privés, mais Cuba importe toujours 80% des aliments qu’il consomme.
Par Rosario Canto