Le tribunal fédéral de Manhattan a été saisi d’une plainte en confiscation visant un bien immobilier de plusieurs millions de dollars, acquis au nom de Claudia Sassou, conseillère spéciale et fille du président congolais Denis Sassou Nguesso.
L’appartement, situé dans la Trump Tower, aurait été financé avec des fonds publics détournés du Congo.
La propriété est l’unité 32G située à New York dans la Trump International Hotel and Tower, un complexe immobilier appartenant à l’ancien président Donald Trump. Elle a été acquise en 2014 pour la somme de 7,1 millions de dollars.Â
Selon les enquêteurs américains, l’achat de ce complexe, qui comprend deux chambres et s’étend sur environ 164 m² avec vue sur le célèbre Central Park, aurait été rendu possible grâce à un vaste réseau de blanchiment de fonds publics orchestré par Claudia Sassou Nguesso, âgée de 52 ans.
La plainte en confiscation, datée du 29 mars 2024 et déposée par le ministère de la Justice, décrit un schéma de détournement présumé de fonds publics du Congo via des sociétés écrans dissimulées dans des paradis fiscaux.
Initialement, le blanchiment concernait 491 millions d’euros versés en 2013 par la Délégation générale congolaise des grands travaux, une agence du ministère de l’Aménagement du territoire, à Asperbras LLC, une filiale du groupe brésilien Asperbras, basée dans le Delaware pour la construction d’hôpitaux au Congo.
Le document, d’une quinzaine de pages, indique qu’une partie de ces fonds, estimée à environ 19,5 millions de dollars, aurait ensuite transité par une société chypriote nommée Sebrit, contrôlée en réalité par Claudia Sassou Nguesso, afin de financer l’achat de l’appartement ciblé.
Selon les procureurs fédéraux, un peu plus de 247 000 dollars de frais liés à la propriété, inoccupée depuis son acquisition, ont été réglés entre 2018 et 2022 à partir de comptes bancaires au Luxembourg, au Portugal, et aux Émirats arabes unis, appartenant à un homme d’affaires portugais nommé José Veiga, agissant en tant qu’homme de paille pour Claudia Sassou.
C’est une enquête de l’ONG Global Witness, spécialisée dans la lutte contre le pillage des ressources naturelles et la corruption dans les pays en développement, publiée en 2019, qui a alerté les autorités américaines.
« Il est peu probable que les salaires des fonctionnaires au Congo puissent financer l’achat de ce type de propriété de luxe », avait notamment souligné l’organisation, décrivant un régime congolais kleptocrate, au pouvoir depuis près de quatre décennies sous la direction de Denis Sassou-Nguesso.
La famille présidentielle est impliquée dans plusieurs affaires dites des biens mal acquis. En France, un hôtel particulier attribué à Denis Christel, le frère cadet de Claudia, a été saisi par la justice fin septembre 2022. « En France, tout est permis pour salir les autorités d’Afrique », avait réagi Denis Sassou Nguesso.
AFP