
Un tribunal spécial parrainé par l’ONU a lancé un mandat d’arrêt international contre l’ancien président de Centrafrique François Bozizé, dans une enquête sur sa responsabilité dans de possibles crimes contre l’humanité commis par des militaires dans une prison entre 2009 et 2013.
Le mandat d’arrêt international a été émis le 27 février, dans le cadre d’une « instruction » sur de possible crimes: « meurtres« , « disparitions forcées », « tortures« , « viols » et « autres actes inhumains » commis dans la prison et le camp militaire de Bossembélé par des éléments de la garde prétorienne de M. Bozizé, précise dans un communiqué la Cour Pénale Spéciale (CPS), une juridiction hybride composée à Bangui de magistrats centrafricains et étrangers, chargée de d’enquêter et de juger des crimes de guerre et contre l’humanité commis depuis 2003 en Centrafrique, un pays qui a connu une litanie de guerres civiles et régimes autoritaires depuis son indépendance de la France en 1960.
Les juges ont relevé « l’existence d’indices graves et concordants à charge » de François Bozizé. Lesquels indices sont « de nature à engager sa responsabilité pénale, en sa qualité de supérieur hiérarchique et chef militaire ».
Le renversement de M. Bozizé en 2013 par une coalition de rebelles à majorité musulmane, la Séléka, avait déclenché l’une des plus terribles guerres civiles de l’histoire ce pays d’Afrique centrale parmi les plus pauvres du monde, avec des massacres de civils essentiellement. M. Bozizé avait organisé la création de milices dominées par les chrétiens et les animistes, les anti-balakas, pour tenter de reprendre de pouvoir et des milliers de civils ont été les principales victimes de massacres perpétrés par les deux camps.
L’ONU a accusé en 2018 les ex-Séléka et anti-balaka de nombreux crimes de guerre et contre l’humanité. Fin 2020, M. Bozizé avait pris la tête d’une nouvelle alliance rebelle, la Coalition des Patriotes pour le Changement (CPC), qui avait menacé le pouvoir du président Faustin Archange Touadéra avant que l’envoi par Moscou de centaines de paramilitaires de la société privée Wagner ne permette au pouvoir de les repousser loin de Bangui.
L’ex-président avait pris le chemin de l’exil, au Tchad voisin, avant la Guinée-Bissau en mars 2023. Il a été condamné le 22 septembre 2022 par un tribunal centrafricain aux travaux forcés à perpétuité, notamment pour « complot » et « rébellion » en tant que chef de la CPC, à un moment où François Bozizé s’était déjà établi en Guinée-Bissau après un séjour au Tchad.
Les juges de la CPS demandent alors la collaboration de la Guinée-Bissau pour la mise à disposition de l’ancien Président de la justice. Là est toute la question : la Guinée-Bissau extradera-t-elle Bozizé ?
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