Maurice Kamto a été réélu dimanche à Yaoundé président du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC), a indiqué le parti qui est l’un des principaux mouvements d’opposition au Cameroun, pays dirigé sans partage depuis 41 ans par Paul Biya.
Maurice Kamto, 69 ans, n’affrontait aucune autre liste concurrente et l’emporte logiquement avec plus de 99% des suffrages, un score qui le désigne comme candidat naturel pour l’élection présidentielle qui aura lieu en 2025.
Dans son discours, en français ponctué de passages en anglais, les deux langues officielles du pays, il a annoncé la création d’une coalition, l’Alliance politique pour le changement (APC) qui “travaillera avec les compatriotes de tous les horizons, y compris des militants ou sympathisants du régime en place pour un Cameroun apaisé”.
Le MRC est bien décidé à tourner la page des contestations de la dernière élection présidentielle, renonçant ainsi à les voir aboutir et “prendra part à toutes les élections à venir, notamment les élections législatives et municipales ainsi que la présidentielle en 2025”, affirme M. Kamto.
Malheureux lors de la dernière échéance en 2018, il avait recueilli 14,23% des suffrages contre 71,28% pour M. Biya qui a entamé son septième mandat. La contestation de ces résultats s’est soldée par la répression des dissidents politiques.
En 2019 et 2020, près de 700 cadres et militants du MRC avaient été arrêtés, pendant et après des “marches incontestablement pacifiques” mais “objets de violentes répressions“, avaient accusé des experts mandatés par l’ONU en novembre 2022.
La plus grande partie ont été libérés après huit mois de détention sans procès mais 47 ont été condamnés à de la prison ferme en 2021 par un tribunal militaire.
Le président du parti, lui-même avait été arrêté puis emprisonné, pendant neuf mois sans aucune forme de procès avant d’être libéré et placé en résidence surveillé à domicile deux mois supplémentaires.
Le MRC a boycotté les élections législatives de 2020 et ne compte donc aucun élu à l’assemblée nationale qui reste dominée par le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), parti du chef de l’État.
A 90 ans, ce dernier est régulièrement accusé par l’Onu et les ONG internationales de faire réprimer l’opposition dans ce vaste pays d’Afrique centrale de près de 30 millions d’habitants.
Le Cameroun est le théâtre d’une contestation inédite du pouvoir de M. Biya et d’une guerre sanglante depuis sept ans entre des rebelles séparatistes et les forces de sécurité dans deux régions de l’ouest peuplées majoritairement par la minorité anglophone.
AFP