Au moins vingt personnes ont été tuées dans des attaques menées dimanche et lundi par Boko Haram au Nigeria et au Cameroun, deux pays frontaliers du Lac Tchad où les actions armées du groupe jihadiste sont fréquentes.
Dans l’extrême-nord du Cameroun, la région la plus démunie du Cameroun, onze civils ont été égorgés dans la nuit de dimanche à lundi dans une attaque attribuée aux jihadistes nigérians de Boko Haram, selon de sources concordantes.
“Boko Haram a égorgé 11 personnes au cours d’une attaque cette nuit (de dimanche à lundi) à Gouderi”, un village de l’arrondissement de Kolofata (Extrême-Nord), a affirmé un responsable d’un comité de vigilance de cette zone joint depuis Yaoundé.
L’attaque et son bilan ont été confirmés par une source proche des services de sécurité.Â
“L’incursion de Boko Haram à Gouderi est un acte de représailles. Les jihadistes ont agi après l’arrestation dans cette localité de certains de leurs camarades”, a expliqué cette source s’exprimant sous couvert d’anonymat.
Depuis 2014, date à laquelle le Cameroun est entré en guerre contre Boko Haram, ce groupe a tué “2.000 civils et militaires” et enlevé “un millier de personnes” dans l’extrême-nord du Cameroun, selon le centre d’analyse et de prévention des conflits International Crisis Group (ICG).
Du côté nigérian de la frontière, un attentat-suicide contre une mosquée a fait lundi cinq morts.
L’explosion a eu lieu à l’aube dans une mosquée à 15 km au nord de Maiduguri, la capitale de l’Etat du Borno, a expliqué Ajiri Yala, à la tête de la CJTF (Civilian Joint Task Force) locale.
– “déguisé en fidèle”-
“Un kamikaze déguisé en fidèle est rentré dans la mosquée à l’heure de la prière du matin”. “Il a déclenché sa ceinture explosive, tuant 5 personnes et en blessant de nombreuses autres”, a-t-il ajouté.
La faction de Boko Haram dirigée par Abubakar Shekau n’a pas l’habitude de revendiquer ses attaques, mais le procédé utilisé (attentat-suicide contre des civils) est la marque du groupe.
Les mosquées sont devenues des cibles privilégiées pour les insurgés extrémistes de Shekau, qui considère que tout civil qui n’a pas rejoint Boko Haram est un ennemi et soutient le gouvernement d’Abuja.
Lundi encore, quatre personnes dont une femme et ses deux enfants, ont été tuées lorsque le véhicule qui les transportait a sauté sur une mine près de la ville nigériane de Banki, à la frontière avec le Cameroun.
Dimanche, un milicien posté à un check-point dans le quartier de Muna, à Maiduguri, dans le nord du Nigeria, avait été tué et un autre blessé par deux femmes qui s’étaient faites exploser en fin d’après-midi.
La semaine dernière, un triple attentat-suicide avait fait 14 morts à la sortie du camp de déplacés de Muna, toujours au Nigeria.
Depuis son apparition il y a huit ans, Boko Haram, qui lance des attaques et commet des attentats-suicides dans les pays frontaliers du lac Tchad (Nigeria, Cameroun, Niger et Tchad), a provoqué la mort d’au moins 20.000 personnes.
Epicentre de l’insurrection jihadiste de Boko Haram, le nord-est du Nigeria est touché par une grave crise humanitaire après des années de conflit, qui a fait plus de 20.000 morts et 2,6 millions de déplacés.
Combats entre armée nigériane et insurgés, embuscades et attentats-suicides restent quotidiens dans cette région désertique du lac Tchad aux confins du Cameroun, du Tchad et du Niger.
Par Ahmed Koulibaly