Hier mercredi, le Président béninois est revenu sur la décision prise de bloquer le pétrole nigérien à la station terminale du pipeline Niger-Bénin à Sèmè-Podji. Patrice Talon a exposé les raisons qui justifient cette décision que ses compatriotes apprécient différemment.
Patrice Talon a exposé, hier mercredi, ses griefs contre le régime de Niamey alors que la décision d’empêcher l’exportation du pétrole nigérien suscite beaucoup de réactions. Selon RFI, le Président béninois n’a pas digéré l’attitude des autorités nigériennes qui n’ont réagi à aucune de ses initiatives en faveur de la normalisation des relations entre les deux pays voisins. Au-delà de l’ouverture des frontières, Patrice Talon a dépêché son ministre des Affaires étrangères à Niamey. Sans suite.
Mieux, le Président béninois n’a pas apprécié que ce soient les Chinois qui l’aient informé de la visite d’une délégation nigérienne au Bénin, début mars. Il dénonce le caractère « informel » de ces échanges qui n’ont rien à voir avec les échanges formels que les pays doivent entretenir entre eux. « On ne peut pas nous voir comme des ennemis et vouloir notre collaboration et nos moyens », a déclaré Patrice Talon qui a également fait observer que d’importantes quantités de céréales produites au Bénin atterrissent au Niger par des voies informelles. Pour Patrice Talon, la balle du déblocage du pétrole est dans le camp nigérien. « Si demain Niamey accepte de collaborer, les bateaux pourront embarquer le pétrole nigérien », affirme-t-il.
Sur cette décision prise par l’Exécutif béninois, les points de vue divergent au sein de la population béninoise. Afrik.com a recueilli les réflexions de quelques Béninois sur le sujet. Les noms des intervenants ont été changés par souci d’anonymat. Patrick, 42 ans, enseignant dans un collège de Cotonou : « Je crains que cette décision du Bénin aggrave les divergences entre les deux pays. En décidant de bloquer ainsi le pétrole nigérien, l’État béninois ne viole-t-il pas les accords conclus entre les deux pays pour le transit du pétrole ? Quelles seront les conséquences d’un tel acte ? », s’interroge l’enseignant.
« Quand deux éléphants se battent, ce sont les herbes qui en pâtissent », regrette Jacques, un opérateur économique âgé d’une cinquantaine d’années, rencontré à son bureau à Cotonou. « Espérons juste, poursuit-il, que ce combat de gladiateurs entre notre Président et celui du Niger n’empire pas les conditions de vie déjà précaires des populations. Vous n’êtes pas sans savoir que les prix des denrées de première nécessité comme le maïs ont pris l’ascenseur ces dernières semaines sur les marchés béninois. Et cela est une préoccupation majeure pour toute la population. Il ne faut pas que le bras de fer entre les deux dirigeants impacte davantage le vécu quotidien du peuple béninois d’une part, et des frères nigériens d’autre part ».
Laurent, 32 ans, tient un garage dans la ville d’Abomey-Calavi. Il estime que le gouvernement béninois est dans son bon droit : « Avec toutes les démarches menées par notre Président en direction des voisins nigériens, je ne comprends pas l’attitude des dirigeants de ce pays. Ils veulent nous faire mal à travers notre port, faisons-leur mal là où ça va être vraiment douloureux ». Pour Guy, 23 ans, étudiant en sciences politiques, « les États n’ont pas d’amis. Ils n’ont que des intérêts ». Et d’ajouter : « Je ne maîtrise pas le fond du dossier entre les deux pays. Mais, je me dis que le Président Talon sait bien ce qu’il fait. Le connaissant assez réfléchi, je doute qu’il ne mesure pas toute la portée de la décision qu’il a prise ».
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