Les Autrichiens renouvellent dimanche leur Parlement, à l’occasion de législatives anticipées pour lesquelles le jeune candidat conservateur Sebastian Kurz, 31 ans, est donné large favori.
Plusieurs scénarios gouvernementaux sont envisageables à l’issue du scrutin, celui d’une coalition entre l’ÖVP de M. Kurz et le parti d’extrême droite FPÖ de Heinz-Christian Strache, donné deuxième par les sondages, étant jugé le plus probable.
Le système électoral autrichien étant de type proportionnel, aucun parti n’apparaît en mesure d’obtenir la majorité absolue à lui tout seul.
– Retour de l’extrême droite-
Que le FPÖ se classe premier, deuxième ou troisième, il apparaît comme le prochain faiseur de roi. Après dix ans de grande coalition, les conservateurs de M. Kurz et les sociaux-démocrates (SPÖ) du chancelier Christian Kern et ont en effet conclu à l’impossibilité de continuer à gouverner ensemble.
Crédité de 33% de voix, M. Kurz a rapproché son programme de celui du FPÖ (27% selon le plus récent sondage), notamment en ce qui concerne la politique migratoire. Une coalition entre les deux partis est considérée comme le scénario le plus probable.
Le FPÖ a toutefois les moyens de faire monter les enchères: la possibilité d’une coalition avec les sociaux-démocrates (25%) n’est pas totalement exclue. Les deux partis gouvernent déjà ensemble dans la province du Burgenland et partagent des positions proches en matière sociale. Mais un tel scénario ne fait pas l’unanimité au sein du SPÖ et supposerait une éviction de M. Kern.
L’extrême droite avait déjà gouverné avec les conservateurs de 2000 à 2007. L’arrivée au pouvoir du FPÖ avait provoqué un séisme européen et provoqué l’adoption de sanctions de l’UE contre l’Autriche. De telles mesures sont jugées peu probables aujourd’hui, le parti ayant poli son discours de façon à apparaître moins clivant qu’à l’époque de son leader historique Jörg Haider.
– Vogue la coalition-
Malgré l’usure de la formule de la grande coalition, symbolisée par l’élimination sans précédent des deux grands partis au pouvoir depuis la guerre au premier tour de la présidentielle en 2016, un nouveau bail ne peut être totalement exclu. Cela supposerait cependant là aussi une éviction de M. Kern, qui a annoncé que son parti irait dans l’opposition en cas de défaite.
– Macédoine-
Trois autres petites formations peuvent espérer siéger au Parlement: le parti libéral Neos, les Verts et la liste de l’écologiste dissident Peter Pilz. A supposer qu’elles franchissent toutes la barre des 4% nécessaires pour être repésentées, elles pourraient totaliser selon les projections jusqu’à 17% des sièges.
Mathématiquement, un tel scénario offrirait à M. Kurz, si ses propres résultats sont à la hauteur de ses espérances, la possibilité de former une coalition “macédoine” avec ces trois partis. L’hypothèse est cependant jugée hasardeuse en raison de profondes divergences avec les Verts notamment. Une telle coalition serait en outre très fragile.
– Gouvernement minoritaire-
Pour le politologue français Patrick Moreau, M. Kurz, s’il arrive en tête, pourrait opter pour un gouvernement minoritaire dans le cas où le rapport de force avec M. Strache ne jouerait pas suffisamment en sa faveur.
M. Kurz pourrait pour cela s’allier aux Neos et parier sur une implosion du FPÖ, qui lui permettrait à terme de rallier des dissidents de ce parti. A part une courte parenthèse en 1970-71, l’Autriche n’a cependant jamais connu de gouvernement minoritaire depuis la guerre.
– Nouvelles élections-
Comme en Allemagne voisine, l’éventualité d’un nouveau scrutin ne peut être totalement écartée si aucun gouvernement viable n’est formé, voire si l’un des membres en coalition juge dans son intérêt de provoquer de nouvelles élections.
Tout nouveau gouvernement devra par ailleurs être investi par le président de la République, l’écologiste libéral Alexander Van der Bellen. Elu l’an dernier face à un candidat FPÖ, celui-ci a déjà prévenu qu’il s’opposerait à un gouvernement qui menacerait de compromettre l’engagement européen du pays. Ce qui pourrait également ouvrir la voie à un nouveau scrutin.
Par Franz Schumer