Les autorités veulent relancer l’exploration de cet hydrocarbure, malgré l’opposition de la société civile. L’exploitation du gaz de schiste, perspective suspendue depuis 2015, est de nouveau à l’ordre du jour.
En visite, le 1er octobre, à la raffinerie d’Arzew, dans l’ouest du pays, le premier ministre, Ahmed Ouyahia, a demandé au groupe pétrolier public Sonatrach de reprendre les opérations d’exploration.
« Il est temps que Sonatrach exploite toutes ses énergies au service de l’entreprise et du pays », a-t-il déclaré devant les caméras de la télévision algérienne, ajoutant : « Il ne s’agit pas là d’une démarche aventurière, mais d’une option visant à garantir l’avenir en matière énergétique. »Â
Si les dirigeants relancent l’idée – déjà évoquée lors d’un conseil des ministres en juin –, c’est que les choses vont mal pour un pays confronté depuis 2014 à la chute des prix du pétrole. En 2017, le pouvoir table sur 31 milliards de dollars (26 milliards d’euros) de recettes provenant de ses ventes d’hydrocarbures, contre plus de 65 milliards avant la chute des cours de l’or noir. En trois ans, le pays a vidé son bas de laine et voit ses réserves de devises diminuer rapidement (103 milliards de dollars à la fin août 2017 contre 195 milliards début 2014).
Entré en fonctions mi-août, M. Ouyahia n’a pas mâché ses mots : l’Etat peine à payer fonctionnaires et factures. Le gouvernement a décidé d’amender la loi sur la monnaie et le crédit pour permettre de faire tourner « la planche à billets ». Il a aussi annoncé une réforme de sa loi sur les hydrocarbures – qui fixe les relations avec les partenaires étrangers – et une relance de l’exploration du gaz non conventionnel.
Mais pour Hocine Bensaâd, expert en gestion des catastrophes naturelles, cette décision est incompréhensible. « Ce n’est pas opportun. Nous n’avons ni les moyens ni les capacités pour pouvoir exploiter le gaz de schiste, sachant que nous n’avons pas encore exploité entièrement les ressources en gaz naturel disponibles sur le territoire algérien », remarque-t-il.
Dé lors, des réunions de militants anti-gaz de schiste ont eu lieu depuis samedi 14 octobre dans différentes villes du pays.
Par Samira Kherfatti