L’Algérie refuse d’adhérer à la décision de la CEDEAO de trouver une solution militaire au putsch contre Mohamed Bazoum. Ce dernier, Président du Niger, a été déposé par les militaires de la Garde présidentielle.
Vendredi, le Président nigérian, Bola Tinubu, a dépêché un envoyé spécial en Algérie, dans le but d’obtenir un soutien solidaire avec la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest contre les putschistes au Niger.
En sa qualité de président en exercice de la CEDEAO, le dirigeant nigérian envisage une option militaire au Niger pour rétablir l’ordre constitutionnel. Actuellement, tous les pays de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest se tiennent prêts, excepté trois.
Il s’agit du Mali, du Burkina Faso et de la Guinée, trois pays dirigés par des militaires putschistes. Si la Guinée se limite à un soutien adressé à la junte au pouvoir au Niger, le Mali et le Burkina Faso, eux, sont allés jusqu’à proférer des menaces. Assimi Goïta et Ibrahim Traoré, respectivement du Mali et du Burkina Faso, se disent prêts à défendre militairement le Niger, en cas d’attaque de la CEDEAO. Une réaction perçue comme une menace dans cette partie du Sahel.
Vendredi, les ministres de la Défense de la CEDEAO ont indiqué avoir élaboré un plan pour une « éventuelle intervention militaire au Niger ». Laissant une marge de manœuvre aux putschistes, le commissaire aux affaires politiques, à la paix et à la sécurité de la CEDEAO, Abdel-Fatau Musah, a émis des mises en garde. Ce, à l’issue d’une réunion organisée à Abuja, la capitale du Nigeria, depuis mercredi 2 août 2023.
Face au coup d’Etat militaire au Niger, l’officiel a indiqué que « les ministres de la Défense du groupe CEDEAO ont élaboré un plan pour une éventuelle intervention au Niger, incluant la manière et le moment du déploiement des forces ». Non sans alerter que « nous n’informerons pas les putschistes au Niger du lieu et de la date de notre frappe ». Tout en précisant que « la décision sera prise par les chefs d’État du groupe CEDEAO ». Option que rejette l’Algérie.
Lors d’une visite qui s’inscrit dans le cadre d’un « échange de points de vue et d’une concertation sur l’évolution de la situation en République du Niger », Babagana Kingibe, l’Envoyé spécial du Président nigérian, et le ministre algérien des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, ont eu un tête-à -tête. A l’issue de cet entretien, Alger a souligné « la nécessité d’activer toutes les méthodes et tous les moyens diplomatiques », pour trouver une solution au Niger.
Toutefois, les autorités algériennes ont recommandé « d’éviter l’option du recours à la force, ce qui ne peut que rendre la situation plus compliquée, grave et dangereuse pour le Niger et toute la région ». L’Algérie a en outre condamné le coup d’État militaire « contre le Président légitime dans ce pays frère et voisin ». Le Président Abdelmadjid Tebboune a par ailleurs appelé à « son retour à sa fonction constitutionnelle de président de la République du Niger ».
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