Premier pays africain à assurer la présidence du G20, l’Afrique du Sud s’était donné pour ambition de mettre à l’agenda les problématiques des pays en développement.
Boycottée par les Etats-Unis, elle aura finalement été au défi de faire exister « son » G20 envers et contre l’administration Trump. « Les Sud-Africains ont hérité des pires cartes qu’on pouvait imaginer », résume un diplomate européen. A cette hostilité ouverte des Etats-Unis s’ajoute le poids écrasant du dossier ukrainien, qui devrait dominer les deux jours de sommet, samedi 22 et dimanche 23 novembre.
Le G20 de Johannesburg a réussi l’exploit d’adopter une déclaration commune, malgré l’absence remarquée des États-Unis et les divergences entre plusieurs délégations. Porté par l’Afrique du Sud, le texte réaffirme l’importance du multilatéralisme et aborde les crises mondiales, de l’Ukraine aux territoires palestiniens occupés.
Il consacre également la place stratégique du continent africain dans la gouvernance économique mondiale, notamment autour des minerais critiques. Mais derrière cette unité affichée, les tensions géopolitiques demeurent palpables.
Dès l’ouverture du sommet, le président sud-africain Cyril Ramaphosa, hôte de l’événement, a annoncé qu’un accord avait été trouvé. Une victoire diplomatique pour Pretoria, qui faisait de cette déclaration un symbole fort de la première présidence africaine du G20. 
Malgré « l’écrasant consensus » revendiqué par le chef de l’État sud-africain, l’Argentine a exprimé ses réserves, son ministre des Affaires étrangères dénonçant un texte « qui ne reflète pas notre volonté collective ». Ramaphosa a toutefois assuré que ces objections ne remettaient pas en cause l’adoption de la déclaration. Selon son porte-parole Vincent Magwenya, le document est le fruit d’un an de négociations : « Nous ne reviendrons pas en arrière. Cette déclaration a mobilisé tous les pays impliqués dans le processus. »
Pour Pretoria, cette adoption est une victoire géopolitique, notamment face à l’unilatéralisme assumé de l’administration Trump. Le texte met en avant :
- la centralité de l’Afrique dans les enjeux mondiaux de développement,
- la lutte contre la dette,
- l’adaptation au changement climatique,
- la résilience économique,
- et la gestion des minerais critiques.
Le concept sud-africain Ubuntu, fondé sur l’interdépendance des êtres humains, irrigue largement le texte. Ramaphosa s’est félicité du résultat : « Le G20 demeure un symbole de la coopération nécessaire pour relever les défis mondiaux. »
Le G20 appelle à protéger les approvisionnements en minerais stratégiques indispensables à la transition énergétique. Un paragraphe qui s’inscrit dans le contexte de rivalité entre Washington et Pékin. La Chine, représentée par son Premier ministre, a réaffirmé sa volonté d’un dialogue multilatéral, alors que les États-Unis étaient absents du sommet.
L’Afrique du Sud, dont 30 % des réserves mondiales de minerais critiques se trouvent dans le sous-sol, y voit un levier majeur pour renforcer sa position internationale.
La déclaration évoque sans détour les principaux conflits internationaux, appelant à :
- une paix durable en Ukraine,
- un règlement des crises au Soudan et en RDC,
- une solution juste au conflit israélo-palestinien,
- une stabilisation dans les territoires palestiniens occupés.
Mais plusieurs dirigeants ont rappelé la difficulté de parvenir à un accord véritablement commun. Emmanuel Macron regrette que le G20 ait « beaucoup de mal à régler les grandes crises », tandis que le Premier ministre britannique Keir Starmer reconnaît que « le chemin sera difficile ».
Washington ayant refusé d’envoyer un représentant de haut rang, la passation entre l’Afrique du Sud et les États-Unis, qui prendront la présidence du G20 en 2026, s’est transformée en incident diplomatique.
Le ministre sud-africain des Affaires étrangères Ronald Lamola a été ferme : « Le président Ramaphosa ne remettra pas la présidence au simple chargé d’affaires américain. » La cérémonie pourrait donc avoir lieu dans des locaux officiels, entre responsables de rang équivalent.
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