
French anti-colonial activist Kemi Seba addresses a press conference on June 26, 2020 in Paris. (Photo by STEPHANE DE SAKUTIN / AFP)
24 heures après l’annonce de l’arrestation de Kemi Seba en France, l’ONG Urgences panafricanistes qu’il dirige confirme les faits. Elle en profite pour indiquer les raisons de la présence de l’activiste en terre française.
On ne connaît toujours pas les motifs de l’arrestation de Kemi Seba, en France. Ce mardi, Urgences panafricanistes a publié un communiqué confirmant l’arrestation de l’activiste panafricaniste béninois en France. « Kemi Seba et Hery Djehuty ont été interpellés, le 14 octobre 2024, par des agents de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) », lit-on dans le communiqué qui précise que les chefs d’accusation retenus contre les deux hommes seront connus lors de la conférence de presse qui sera organisée dans les prochaines heures.
Le communiqué indique que dans le cadre de ses activités politiques, l’activiste panafricaniste « a débuté une tournée de sensibilisation des diasporas africaines sur la nécessité de soutenir et d’accompagner les processus souverainistes des peuples afro-descendants partout dans le monde ».
C’est ainsi qu’il a récemment été invité en Turquie pour donner des interviews, et au Congrès anticolonialiste de Bakou en Azerbaïdjan. Ces deux dernières semaines, Kemi Seba s’est également rendu en Europe, notamment en Espagne et en Belgique où il a rencontré des organisations de la société civile et des médias.
Ce passage en Europe devait s’achever par une intervention au Conseil des droits de l’Homme à Genève, précise le communiqué. Mais, la DGSI s’est interposée dans le programme du leader panafricaniste en l’interpellant, lundi, à Paris.
Le communiqué d’Urgences panafricanistes explique que Kemi Seba s’était rendu en France pour « rencontrer des opposants politiques béninois » et « visiter un proche souffrant ». Pour entrer en France, l’activiste s’est servi de son visa de type D permettant de circuler sur l’ensemble de l’espace Schengen rappelle le communiqué.
De son vrai nom Stellio Gilles Robert Capo Chichi, l’ancien leader de la Tribu Ka, groupuscule qui revendiquait son antisémitisme et prônait la séparation entre Noirs et Blancs avant d’être dissout par le gouvernement français en 2006, a été condamné plusieurs fois en France pour incitation à la haine raciale.
Âgé de 42 ans, il est aujourd’hui à la tête du groupe Urgences panafricanistes et dispose d’une certaine aura sur les réseaux sociaux. Il dispose depuis début août d’un passeport diplomatique du Niger délivré par la junte en sa qualité de conseiller spécial du chef du régime militaire au pouvoir à Niamey, le général Abdourahamane Tiani.
Ces dernières années, Kemi Seba a organisé ou participé à plusieurs manifestations hostiles au franc CFA en Afrique, au cours desquelles il a été régulièrement interpellé, expulsé ou refoulé, notamment de Côte d’Ivoire, du Sénégal et de Guinée. En France, il a été accusé l’an dernier par le député Renaissance Thomas Gassilloud, alors président de la commission de la Défense de l’Assemblée nationale, d’être un « relais de la propagande russe » et de servir « une puissance étrangère qui alimente le sentiment antifrançais ».
Guylain Gustave Moke