Le Sénégal a un nouveau Président. Bassirou Diomaye Faye, 44 ans, a prêté serment mardi 2 avril à Diamniadio, près de Dakar, après sa large victoire à l’élection présidentielle du 24 mars. La prestation de serment s’est déroulée devant des centaines d’officiels sénégalais et plusieurs chefs d’État et dirigeants africains.
Bassirou Diomaye Faye a prêté serment, en tant que nouveau Président du Sénégal. « Devant Dieu et devant la Nation sénégalaise, je jure de remplir fidèlement la charge de président de la République du Sénégal, d’observer comme de faire observer scrupuleusement les dispositions de la Constitution et des lois », a déclaré Bassirou Diomaye Faye, la main droite levée.
Le contexte politique avant le scrutin
Le Sénégal, l’un des grands, beau et riche pays de l’Afrique de l’Ouest, était le point de mire dans le monde entier, dimanche 24 mars 2024. Il n’en était rien d’autre qu’une consultation électorale, en vue de connaître le successeur du président de la République sortant, Macky Sall.
Le dimanche 24 mars, les citoyens sénégalais sont allés massivement aux urnes pour élire leur président. Le contexte politique autour du scrutin a mis à l’épreuve les institutions démocratiques du pays. Initialement prévue le 25 février, l’élection était très attendue par les 7,3 millions de citoyens (sur une population de 17 millions d’habitants) inscrits sur les listes électorales. Le scrutin a eu lieu après un premier report imposé par le président sortant Macky Sall, l’adoption d’une loi reportant la date au mois de décembre, et l’intervention du Conseil constitutionnel pour rejeter ce plan.
Ce report a déclenché une crise constitutionnelle que les institutions sénégalaises et le public ont jusqu’à présent surmontée avec une résilience qui témoigne des normes démocratiques profondément enracinées. Celles-ci ont été le moteur de la politique multipartite au fil des décennies.
Avec 17 candidats sur la ligne de départ, le membre du parti Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (PASTEF), Bassirou Diomaye Faye, en est sorti vainqueur, avec 54,28% des suffrages.
Le résultat de l’élection va avoir beaucoup d’implications pour le contenu de la politique publique au Sénégal, étant donné la “rupture” que Faye revendique. Cependant, le processus par lequel les institutions et le peuple sénégalais ont géré la controverse autour de la tenue de l’élection de 2024 pourrait être encore plus important pour l’avenir de la gouvernance responsable du pays. L’exercice par le Conseil constitutionnel de ses pouvoirs de contrôle pour rejeter le report de l’élection à décembre a été l’un des correctifs les plus importants à l’ “hyperprésidentialisme” au Sénégal depuis l’instauration du système présidentiel en 1963.
Chose qu’on voit souvent ailleurs, mais jamais en Afrique, c’est qu’avant la proclamation officielle des résultats, le Président sortant, Macky Sall avait adressé ses vives félicitations à l’inspecteur des finances publiques Bassirou Diomaye Faye.
Puis, les messages, venant de l’intérieur et de l’extérieur du pays, avaient commencé à tomber comme des gouttes de pluie. Et le Conseil constitutionnel, organe en charge des élections, a mis fin au doute, en confirmant, vendredi 29 mars 2024, la large victoire du nouveau et 5ème président de la République sénégalaise.
Le “candidat de la rupture”
Le président Faye héritere d’un contexte politique exigeant, compte tenu des découvertes de pétrole et de gaz au Sénégal qui demandent une approche stratégique à la négociation des contrats pour rassurer que le peuple en tire les bénéfices. Il y a également un taux de chômage élévé des jeunes, une dynamique de migration irrégulière qui nécessite une politique de gouvernance migratoire, et des défis posés par le coût de la vie.
Faye s’est présenté comme le “candidat de la rupture” avec des idées panafricaines et gauchistes. Bien avant l’élection, les leaders de Pastef ont défendu des idées telles que la création d’une monnaie nationale, le renforcement de la souveraineté nationale, et la lutte contre la corruption. Dans son premier discours après l’élection, Faye a toutefois mis l’accent sur la réconciliation, le renforcement de l’intégration des pays de la Cedeao, une plus étroite intégration politique et économique du continent, la valorisation des ressources humaines au Sénégal, et les consultations nationales inclusives et sectorielles.
Faye va également faire face à une forte demande de réformes liées à la gouvernance. Il a signé le Pacte national de bonne gouvernance démocratique, qui vise à améliorer la gouvernance dans l’esprit des recommandations de la Commission nationale de reforme des institutions (CNRI). Ce programme suit les traces des Assises nationales de 2007, qui ont conclu que le Sénégal a “un déséquilibre des pouvoirs avec une forte concentration des pouvoirs entre les mains du président de la République disposant du législatif et ayant une ascendance sur le pouvoir judiciaire”.
Une invite des pays Africains
Pour l’étudiante Félicité Z., « tout est allé comme sur les roulettes dans ce pays frère et ami du Cameroun. Ce qui vient de se passer dans ce pays, je vois en cela, une invite des pays, plus précisément africains, à l’école de la vraie démocratie. L’orgueil ne paye pas ! Quand quelqu’un te dépasse, il faut porter son sac. Et n’aie jamais honte d’imiter ton voisin, quand il fait quelque chose de bien, surtout pour le bonheur de tous. Cela y va également de ta notoriété ».
« Que les jeunes cessent d’être des « followers » dans les partis politiques. Qu’ils s’y engagent véritablement, en occupant les premières places. Arrêtons aussi la longévité au pouvoir, car elle expose toujours le pays au feu et au sang. Je souhaite bon vent au nouveau Président du Sénégal. Que son élection fasse tache d’huile dans tous les pays africains », ajoute-t-elle.
« Une élection libre et transparente, qu’elle soit présidentielle, sénatoriale, municipale, …, est pour moi un meilleur moyen pour remercier quelqu’un s’il a mal travaillé (ne pas lui accorder ses voix), ou le reconduire, si la majorité de la population a de quoi manger, se vêtir, se soigner, se loger, s’alimenter en eau et électricité à moindre coût, être en sécurité, bref, avoir un travail décent, lui permettant de se procurer aisément de tout ce dont il a besoin.
« Je n’ai pas de doute que le nouvel homme fort du Sénégal,Bassirou Diomaye Faye, qui avait pour programme de campagne intitulé : « Le projet d’un Sénégal souverain, juste et prospère », aura des coudées franches, pour mener à bien ses lourdes, mais exaltantes missions. En la victoire du nouveau Président sénégalais, je tire un certain nombre de leçons. Il y a entre autres : une perche tendue à tous les jeunes du monde entier, à croire en ce qu’ils font, à persévérer dans l’effort, à ne jamais cesser la place au découragement, à éviter la tricherie, la corruption, le favoritisme, à compter sur eux-mêmes, par-dessus tout, à tout mettre entre les mains du Seigneur », déclare le patriarche Jean Hamga.
« Je ne saurais déposer la clé sous le paillasson sans féliciter les populations sénégalaises et les organes en charge de cette élection, pour leur sérieux et leur engagement. C’est le Sénégal qui parle à l’Afrique toute entière ! Et c’est le Sénégal qui gagne ! », conclut-il.
Il faut signaler que Bassirou Diomaye Faye (44 ans) qui a prêté serment, hier 2 avril 2024, afin de tenir légalement les commandes de l’État sénégalais, est le premier jeune à occuper cette fonction. Il est père de quatre enfants et a deux épouses (Marie Khone Faye et Absa Faye).
Le président a une occasion unique de répondre à ces préoccupations de longue date. Des réponses stratégiques, décisives et concrètes seront essentielles.
AfriqueDiplo
Guylain Gustave Moke/Analyste Politique Africain