
Dirigeants, personnalités et experts de l’Afrique et du monde se joignent à l’Unesco ce vendredi pour débattre des voies et moyens de restituer le patrimoine africain, une promesse faite par Emmanuel Macron, le président français.
Attendus à Paris, le chef de l’Etat béninois Patrice Talon, très engagé sur le dossier, mais aussi des ministres béninois, sénégalais et gabonais – dont le ministre de la Culture Alain Claude Bilie Bi Nzé. Autres invités sur la liste, des directeurs de musées à travers l’Afrique.
Débat de plus en plus audible en Afrique et au-delà, la restitution du patrimoine africain s’est imposée dans l’agenda du chef de l’Etat français Emmanuel Macron qui a fait la promesse en novembre dernier de favoriser des restitutions temporaires et définitives de biens africains. Il a d’ailleurs nommé une mission dans ce sens.
“Le patrimoine africain (…) doit être mis en valeur à Paris, mais aussi à Dakar, Lagos, Cotonou”, avait déclaré le président français. Et d’ajouter : « Ce sera l’une de mes priorités. D’ici cinq ans, je veux que les conditions soient réunies pour un retour du patrimoine africain à l’Afrique ».
Les autorités françaises s‘étaient jusqu‘à présent rangé derrière “les principes juridiques d’inaliénabilité et d’imprescriptibilité (…) des collections publiques”, pour argumenter leur refus de restituer des oeuvres, désormais tombées dans le patrimoine français.
Pour Yves-Bernard Debie, avocat spécialisé en droit du commerce de l’art, le discours “tranché” d’Emmanuel Macron rompt avec la tradition juridique française établie en 1566 par “l‘édit de Moulins”. “Depuis cette époque, le domaine royal devenu ensuite le domaine public, est inaliénable et imprescriptible. Il est interdit, sauf exceptions rares, au prince, roi ou président de la République, de disposer de ce domaine. Les chefs d’Etat passent, le domaine public reste ! “, explique l’avocat.
Le ministre gabonais de la Culture a estimé que l’implication de l’Unesco est une option rassurante qui permettra d’interpeller les autres pays détenteurs du patrimoine africain.
Pour le président Talon, qui a notamment fait campagne contre l’influence de la France dans son ancienne colonie, le rapatriement de ces œuvres permettra de “mieux faire connaître à nos populations la valeur de nos biens culturels et historiques” et “faire du tourisme un pilier majeur de l’économie béninoise”.
Irénée Zevounou, l’ambassadeur de la délégation du Bénin à l’UNESCO, estime que “4.500 à 6.000 objets (béninois) sont en France, y compris dans des collections privées”.
L’accaparement des trésors du Royaume du Dahomey s’est fait lors des batailles coloniales entre 1892 et 1894, mais aussi par les missionnaires qui ont “dépossédé les populations de ce qu’ils considéraient comme des fétiches”, explique M. Zevounou.
Pour l’heure, seule la France semble décidée à s’engager sur cette voie avec les pays africains, alors que le patrimoine culturel du continent est disséminé hors de ses frontières, notamment en Grande-Bretagne et en Allemagne.
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