Les lanceurs d’alerte agissent au péril de leur vie en Afrique du Sud, notamment pour dénoncer des cas de corruption, a alerté l’ONG Corruption Watch dans un rapport publié mercredi.
Le mois dernier, Babita Deokaran, 53 ans, employée d’un ministère provincial de la Santé et témoin clef dans une affaire de corruption, a été tuée par balles à Johannesburg.
Elle avait participé à mettre au jour une affaire de détournement de plusieurs millions d’euros dans le cadre de contrats d’achats de matériel de protection contre le Covid. L’affaire dévoilée l’année dernière avait fait scandale.
Les informations en sa possession ont conduit à plusieurs licenciements ainsi qu’à des poursuite auprès d’entreprises et de responsables du gouvernement pour recouvrer des sommes indûment versées.
La fonctionnaire a été froidement abattue dans sa voiture le 23 août, près de son domicile, après avoir déposé son enfant à l’école.
“Ceux qui ont le courage de dénoncer la corruption continuent à voir leur vie menacée par des personnes agissant en toute impunité”, s’indigne Corruption Watch.
Six personnes ont été inculpées de meurtre dans le cadre de l’enquête sur la mort de Babita Deokaran.
Le président Cyril Ramaphosa avait qualifié le meurtre de “tragédie”, saluant une “héroïne et une patriote”. Le chef d’Etat, qui a succédé à Jacob Zuma poussé à la démission en 2018 après une série de scandales, a fait de la lutte contre la corruption un cheval de bataille.
Le gouvernement a annoncé cette semaine la création d’une unité spéciale de protection des lanceurs d’alerte.
Selon l’ONG, les informations recueillies auprès de quelque 2.000 lanceurs d’alerte montrent que la corruption a sévi “sans relâche” au cours du premier semestre 2021, dans le secteur public comme privé.
La plupart des témoignages impliquent la police. D’autres, les programmes de lutte contre le Covid, le financement des écoles, le logement ou encore l’aide alimentaire.
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